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M. et Mme Gagnaire, présentant leur livre coécrit avec Franck Méneret (éditions ETAI)

Mâcon n’est pas seulement la ville natale d’un jeune prodige du ballon rond le bien nommé Antoine Griezman dont les crampons en or nous propulsèrent en finale de la Coupe d’Europe des Nations des footeux. Que neni !  Au début du XXème siècle, cette charmante Bourgade de Saône-et-Loire fut le berceau de motos mythologiques répondant au double patronyme de Monet & Goyon. «Toutes nos machines sont restaurées conformes à ce qu’elles étaient à l’origine. Nous nous voulons gardiens d’un patrimoine !». Je me redresse presque penaud devant une telle affirmation qui ne souffre manifestement pas la contradiction. Une drôle de dame me sourit, les yeux pétillants de passion. «Vous souhaitez plutôt une visite guidée, non ?». L’invite est sans appel. J’ai franchi presque par hasard la porte du Musée de Melle consacré à cette marque prestigieuse. Je vais vivre un merveilleux voyage dans le temps, accompagné d’une hôtesse extraordinaire dont la dévotion à ces sublimes machines a fait d’elle et de son époux, les plus grands spécialistes européens. Bienvenus chez Béatrice et Michel Gagnaire !  Calez-vous dans un fauteuil moelleux, une boisson fraiche à la main et écoutez l’histoire de Bonnie & Clyde… pardon de Monet & Goyon, qui firent le hold-up sur le monde de la moto française pendant plus de 40 ans. La parole est à Madame :
« L’entreprise Mâconnaise a été fondée le 1er avril 1917 par deux personnes qui se sont associées : d’une part, Joseph Monet qui a cette époque est un jeune ingénieur même s’il n’en a pas le titre, et Adrien Goyon qui était déjà un monsieur d’âge respectable de 59 ans, rentier de son état. Il n’avait jamais travaillé de sa vie car ses parents avait fait fortune dans les tissus ! Pourquoi rentre-t-il dans les affaires à un âge où l’on pense plutôt à se retirer ? Nous sommes en pleine période de guerre, et il faut croire que les affaires sont dures pour tout le monde ! Il souhaite également transmettre son entreprise en bon ordre à son jeune fils, André Goyon, qui vient d’intégrer L’Ecole Centrale de Paris. Nous allons commencer par le premier appareil : 

Vélocimane type B2, 1917.

« Il n’est même pas motorisé ! C’est un simple vélo dirigé par la force des bras un « manivellier » plutôt qu’un « pédalier », destiné à une personne faible des jambes, voire handicapée. Hélas en 1917, en pleine période de guerre, cet engin est fort utile aux mutilés ! Des questions? ». Euh… Franchement ? Non. « Bien. Nous continuons ! Celui de 1919 sera baptisé « Vélauto« :

Vélauto Type T à moteur Wall Auto-Wheel, 1919.

   « Le mot est une contraction de « vélo » et « auto ». Vous conviendrez que cela ne ressemble finalement ni à l’un ni l’autre. Plutôt à l’ancêtre du scooter, peut-être ? Pour démarrer, il fallait courir à côté, sauter dessus, et zou… c’était parti, sans embrayage, en prise directe ! Là, plus question d’être handicapé pour s’en servir ! Gaby Morlay, grande actrice des années 20, s’amusait beaucoup avec, dans les rues de Paris ! Gardant ce même principe, Monet & Goyon va alors décider de fabriquer ses propres moteurs:

Vélauto type T, à moteur Monet & Goyon, 1921.

   « Cet engin très sympathique est destiné aux dames, avec un siège très confortable, le moteur tout caréné pour protéger les robes longues, et leurs offrir un confort de circulation, grâce  à sa fourche et à sa suspension arrière ». J’ai soudain la sensation de glisser dans le temps et d’écouter une vendeuse me faire l’article du nouveau modèle au catalogue… Je me prends alors pour Gatsby le Magnifique s’apprêtant à faire ce cadeau chic et glamour à sa bien-aimée, avant d’aller danser le Charleston dans une boite de jazz à la mode, au cœur des Années Folles. Mais je suis vite rappelé à l’ordre du jour: « Ce même moteur, nous allons le retrouver sur la « Moto-Légère » qui est ici :

Moto-Légère Type U, 1922.

   « Cela peut vous paraître un vélo, mais il s’agit bien de la première moto Monet & Goyon! 117cm3, pour une vitesse de 25km/h, une autre époque ! On peut apprécier son allure générale avec ce guidon très haut, qui fait penser à un vélo hollandais et son pédalier très en avant. Déjà le souci d’une finition soignée et très stylé, avec son échappement queue de carpe et ses petites chaines qui retiennent les bouchons de valves pour ne pas les perdre lorsque l’on gonflait les pneus. Elle est  tout à fait ravissante, vous ne trouvez pas? ». J’adooooooooore. Mais plus encore, je suis sous le charme de la ferveur puissante qui habite Madame Gagnaire. Quelle passion, que dis-je, quelle vocation ! Ma guide me répondra modestement : « Oh, non, c’est surtout mon mari le spécialiste… ». Et elle aura cette phrase magnifique:  « Moi vous savez, je ne parle pas « mécanique ». Comme si « mécanique » était une langue à part entière, à l’image de l’italien ou de l’allemand. « Je ne parle pas « mécanique ». Magnifique. Je suis bien au pays des Motos. « Mais c’est vrai que j’aime particulièrement cette Moto-Légère », m’avoue-t-elle en baissant les yeux comme une communiante confesse un péché mignon. « Cette moto nous a été demandée pour une exposition aux États-Unis… Mon mari, qui a commencé à restaurer tous ces engins avec mon beau-père dès 1972, a commencé à se faire remarquer dans les grandes concentrations internationales. Et en 1998, cette moto est partie pour New-York au Musée Guggenheim, puis à celui de Chicago… où nous l’avons suivie ! Cette exposition couvrait 100 ans de motos au travers des 100 plus prestigieux modèles de l’Histoire du Motocyclisme ! Et parmi elles, notre petite Monet & Goyon! Nous en avons restaurées plus d’une soixantaine depuis 44 ans, mais j’avoue que celle-ci me craquer ! » Magnifique, vous dis-je… « Maintenant laissez-moi vous présenter l’engin le plus curieux de la collection: »

Voiturette Monet type V2…

                La petite Voiturette Monet!

… à moteur M.A.G. de 750 cm3, 1921.

   « Joseph Monet ne manquait pas d’imagination pour fabriquer un engin aussi bizarre ! Deux roues à l’arrière et un moteur placé sur l’unique  roue avant. Et ce grand bras de levier pour l’orienter et le freiner ! Toujours pas de questions, Monsieur Batlle ? ». Ben…. « Dans ce cas, partons maintenant pour l’Angleterre, à Wolverhampton dans la banlieue de Birmingham. Plus précisément rue « Villiers », qui donnera son nom aux meilleurs moteurs 2 temps du moment ! En effet à partir de 1922, Joseph Monet commencera une longue collaboration avec ce fabriquant anglais et va équiper tout d’abord le  « Vélauto » de leur puissant moteur de 270 cm3. Il en fait ainsi un engin qui peut maintenant sortir de la ville, frôler les 60 km/h, démarrant au kick, confortable et propre. Les médecins en costume ou les curés en soutane vont tous en raffoler:

Super Vélauto type T3 à moteur Villiers 2 temps, 1922.

  « Pour la petite histoire, il s’agit ici du Vélauto du Curé de Cuge les pins, près d’Aubagne! » Don Camillo n’est plus bien loin… « Vous noterez que le réservoir, placé à l’arrière, fait également office de garde-boue et de porte-paquet. Toujours en 1922, une adorable voiturette qu’il serait dommage de ne pas présenter, même dans un musée de la moto, vous ne croyez pas? ». Je ne crois plus qu’en vous, Madame !

Cyclecarette, modèle unique, 1922.

    « Elle est le contraire de la « Voiturette Monet » de tout à l’heure, puisque cette fois, il y a deux roues à l’avant et une seule à l’arrière qui supporte le moteur Villiers disposé comme sur les Vélauto. Notez que les phares sont déjà directionnels, car posés directement sur les roues avant! Ils étaient très astucieux ! On l’appelait « le bateau » avec sa coque toute en bois! 

   Mais quittons définitivement cette période que j’appelle des « engins gris » tous de cette même couleur gris-bleu, qui représente les balbutiements d’une marque qui cherche sa voie, et qui  ne fabrique ces curieux modèles qu’à quelques unités seulement dans leur petit atelier de 300 m². Tout va s’accélérer brutalement dès la première vraie moto construite à Mâcon, que voici:

Moto 2 HP type Z147, 1923

   « 1923 correspond justement à l’année où le jeune André Goyon, fils du riche cofondateur de la marque sort de l’Ecole Centrale, et vient travailler à l’usine. En conjuguant leurs talents, les jeunes Joseph et André vont sortir LA moto qui correspond parfaitement aux attentes du public: la HP Z147 qui inaugure un concept qui va perdurer tout le long des années 20″. « Le roadster de l’époque », m’exclamai-je!

 « L’entreprise va alors connaitre un essor considérable. Le « trio » Monet &Goyon… &Villiers va défrayer la chronique et devenir la deuxième marque de moto en France -et ce, jusqu’aux années 30 ! La courbe des ventes explose : seulement 1157 motos sont fabriquées en 1922. Quatre ans plus tard, 10 fois plus ! (Soit environ 10 000 motos  pour la seule année 1926). Le petit atelier ne suffit plus et cette même année 1926 verra la construction d’une gigantesque usine qui emploiera plus de 800 personnes. Toute une gamme va être déclinée à partir de ce même modèle, notamment pour les dames… et les ecclésiastiques qui représentent une clientèle non négligeable! Toutes les marques se devaient  d’avoir leur modèle ecclésiastique ! Le voici, d’ailleurs:

Moto pour Dames et ecclésiastes Type ZD, 1925.

      Puis on monte peu à peu en cylindrée: aux modèles 250cm3 (cf ci-dessous) succèderont des 350cm3.

Moto Sport Type R2, 1925.

   « Pour l’anecdote, vous remarquerez que ces motos sont toutes dépourvues de frein avant… car les gens n’aimaient pas l’utiliser par crainte de chuter ! Ils pensaient qu’ils allaient passer par-dessus la moto s’ils cherchaient à se freiner ainsi, et se fendre le crâne sur la plaque d’immatriculation (qui était fixée le long du garde boue-avant). Cela ne s’invente pas ! Mais comme la législation imposait tout de même qu’il y ait deux systèmes de freinage à commande séparée, il y a en avait donc une au pied, et une autre à la main. Mais les deux n’affectaient que la roue arrière ! Et avec de bien modestes patins en bois pour des motos qui gagnaient sans cesse en puissance. Mais vous n’avez toujours pas de questions? Vous ne vous demandez même pas à quoi servent ces deux tubes de part et d’autres du porte-bagages ?!! ». Oups… Je frôle l’incident diplomatique tant je me laissais bercer par une telle érudition. « Euh… pour la lumière ? ». « Mais non ! C’est la réserve d’huile pour le moteur… Deux temps, dois-je vous le rappeler ? Le motard remplit d’abord le réservoir principal d’essence pure, puis avec le bouchon qui fait doseur, il y mélange l’huile qu’il transporte dans l’un de ces tubes justement ! Que ces ingénieurs étaient astucieux tout de même ! » J’acquiesce avec la perplexité du mauvais élève qui n’aura pas son bon point. « Dans l’autre tube… Une trousse à outil et des rustines, bien-sûr ! » Voilà. « D’où la pompe à vélo! » essayai-je de placer, triomphant. Un silence.
« Au-dessus, un autre modèle. Rouge ! :

Super Sport type ZS 3, 1925.

   « Cela vous fait penser à quoi, une moto rouge. Dîtes-moi? ». Et là, je réponds absolument sûr de moi: « Aux pompiers! » Un temps. « Mais non. A la vitesse, voyons! ». Je ne sais plus où me mettre. Ce regard me rappelle celui de ma mère devant mon bulletin de notes. Je crois judicieux, hélas, de rajouter: « Elle est très belle, en tout cas, avec cette couleur, c’est… rouge, quoi ». « Dès le départ, Monet & Goyon a une politique de course. La marque participe régulièrement au « Paris-Nice » pour conforter, auprès du grand public, leur image de machines d’excellence. Et dès 1925, ils sortent, en  série, cette moto sportive, pour un public jeune et avide de sensations fortes. Avec ce moteur très nerveux à double échappement, elle est donnée pour 100 km/h! » « Et toujours sans frein! » osai-je m’exclamer. « Disons, qu’elle est munie, comme les autres, de son système de ralentisseurs… Cette petite pompe sur le côté du réservoir sert à faire le graissage du moteur Villiers de 175cm3, tout en roulant! A ne pas oublier une fois lancé à pleine vitesse, sinon gare… Et vous voyez cette cocarde encore vierge sur le côté de ce même réservoir? Elle servira à y inscrire les Titres obtenus. Nous y reviendrons! Mais d’abord, voyons cette très belle machine:

Super-Tourisme Type MC, moteur M.A.G. 1926.

      « La 1ère Monet & Goyon équipée d’un moteur 4 temps! Ils vont se fournir en Suisse, chez M.A.G. pour trouver ce moteur de 350 cm3. Cette moto représente un bond technologique pour la marque: transmission par chaine (et non plus par courroie), abandon des « ralentisseurs » au profit de freins à tambour à l’arrière, comme à l’avant! Nous sommes sur une machine prestigieuse, dont le centre de gravité est plus bas, avec un cadre surbaissé et une selle offrant une assise plus proche du sol. Le tube supérieur du cadre est cintré pour « encadrer » le réservoir (appelé justement « entre-tubes ») et le descendre encore un petit peu. Ainsi la position du pilote est beaucoup plus ramassée et les masses recentrées. Nous sommes sur une machine de très haut de gamme qui n’est pas accessible à toutes les bourses. Ainsi, pour garder une base solide de clientèle, et parce qu’il y a beaucoup de concurrence à l’époque – n’oublions pas que Motobécane vient de faire une entrée fracassante sur le marché avec des machines premiers prix, ils sortent cette même année la « Moto-Vélo » que nous avons là:

Moto-Vélo Type P, 1926.

   « C’est beaucoup moins flatteur de rouler sur cet engin, n’est-ce pas? On a vraiment l’impression d’un retour en arrière pour un modèle conçu, rappelez-vous, la même année que la redoutable Super-Tourisme à Moteur M.A.G.! On retrouve en fait notre petite « Moto-Légère » de 1922 qui a été exposée à Chicago: moteur en prise directe, ancien système de transmission par courroie, ancien système de freinage. Bref, une machine qui a tous les attributs… du vélo. Mais c’est un modèle d’entrée de gamme, à petit prix! Son tarif en ancien francs ne vous dirait rien. En revanche, si on se place sur le salaire moyen d’un ouvrier ajusteur de l’époque -et donc un technicien qui gagnait correctement sa vie, et bien pour avoir le modèle haut de gamme, il lui fallait 15 mois de salaire… et seulement 7 pour la « Moto-Vélo ». Du simple au double! Avez-vous des questions, Monsieur? Ça va? Maintenant nous allons passer de l’autre côté, et là, tout change…: »

Confort type A, mot. Villiers 2t de 250cc , 1928.

   « Deux ans plus tard, l’évolution des machines est très rapide. Inutile de faire la liste de ce qui diffère de ses sœurs aînées: la taille des pneus, la taille des freins à tambours etc… et surtout le réservoir, qui devient pour la première fois « réservoir en selle » comme sur les motos d’aujourd’hui, et non plus « entre-tubes » comme vous pourrez encore le voir sur celle ci-dessous -et ce pour la dernière fois dans l’histoire de la production Monet & Goyon:

Super Sport type MCSC, mot. 4 t M.A.G. de 350cc, 1928.

   C’est une machine très racée avec ce très beau moteur M.A.G. à double échappement. Là, nous sommes sur plusieurs années de salaires pour notre ouvrier ajusteur!

Super sport type TT, mot. Villiers 175cc, 1929.
Titres de Champion de France

   « Nous allons voir que les motos sportives de série -en robe rouge toujours!, évoluent elles-aussi, notamment avec le graissage automatique. Il n’est plus nécessaire de pomper en roulant afin de lubrifier le moteur! Et l’on retrouve notre cocarde sur le réservoir sur laquelle sont notés maintenant les quatre titres consécutifs de Championne de France dans la catégorie 175cc. Les pilotes ne courent pas sur cette machine qui est catalogue, mais sur un modèle « coursifié » comme celui-ci:

Moto coursifiée, 1929.

   « Le 30 juin 1929, Albert Sourdot, pilote officiel Monet & Goyon remporte le G.P de l’Union Motocycliste Française avec une moto dotée du célèbre  moteur Villiers « Brookland »  (qui n’équipait que les motos de course) capable d’atteindre les 120 km/h! La marque investissait l’équivalent de la moitié de sa masse salariale dans la compétition! C’était leur vitrine principale!


   « Au salon de 1930, sort « la Moto de l’homme à la page »! La formule publicitaire paraît peut-être désuète aujourd’hui, mais moi, je la trouve charmante!:

Super Standart type MG 35, 1931

« C’est la première machine entièrement conçue et réalisée à Mâcon!

Bloc-moteur Monet & Goyon

   « C’est une machine très innovante pour l’époque avec son cadre double berceau et surtout, ce qui est très en avance pour son temps, elle a un bloc-moteur où tout est rassemblé: moteur, boite de vitesses et embrayage. Tout cela ne fait qu’un tout!  Monet & Goyon devient enfin un constructeur à part entière, et non plus un simple  « assembleur ». Au Salon de 1930, elle remporte un très grand succès, tant elle est avant-gardiste. Il y a beaucoup d’engouement autour de cette moto de 350cc et les commandes affluent de la part des concessionnaires et des clients. Peut-être trop d’ailleurs… Car cette machine est présentée alors qu’elle est à peine fiabilisée. Mais pour répondre aux commandes, on livre tout de même les premiers clients… qui sont mécontents car ils s’aperçoivent qu’elle a des défauts au niveau des graissages, de l’embrayage! Ils rapportent donc les machines chez les mécaniciens. L’usine essaie de pallier à ses défauts et tarde à livrer les autres clients… Et du coup, tout le monde est mécontent! En voulant faire une machine trop en avance sur son temps, Monet & Goyon aurait pu complètement disparaître du marché! Les ingénieurs ont essayé de se rattraper l’année suivante avec ce modèle:

Luxe type M4, 1932.

   « On pourrait la croire très différente du modèle précédent avec sa selle cow-boy et son unique béquille centrale (car jusqu’à présent chaque roue avait une béquille rabattable). Mais hélas, les défauts du bloc-moteur ne sont  pas résolus! On peut dire que la « MG 35 » et la « M4 », sont les motos ratées de la marque… Mais comme vous le savez, l’histoire ne s’est pas arrêtée là, et en 1933, reprenant des moteurs M.A.G., Monet & Goyon produit cette machine d’exception:

Super Sport Luxe type GA, 1933.

« La Moto  la plus photographiée du Musée!

   Si j’étais dans un magasin, c’est celle que j’aurai le plus vendue car cette machine est très flatteuse. Ses chromes et ses deux tons de rouge lui donne une allure sportive et elle a tous les attributs d’une moto de luxe avec son fameux moteur M.A.G., sa boite anglaise, sa batterie pour faire fonctionner le phare et son double échappement queue de carpe. Elle a tout pour elle! »

Super Standard – Type K 35, 1930.

   « Là vous remarquez quelque chose, tout de même?! » « Mais oui! Que fait une Koehler-Escofier dans votre collection, je m’insurge! » « Cette marque de moto a été fondée en 1912, à Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise. Au départ, même chose, deux personnes qui se sont associées: Jules Escofier, mécanicien surdoué de chez Magnat-Debon qui rêve de fonder sa propre marque et Marcel Koehler, étudiant à l’École Centrale de Lyon. (Pour la petite histoire, le père de Marcel  était un éminent Professeur de Médecine de la faculté de Lyon et océanographe réputé. (C’est lui qui a contribué, avec le Prince de Monaco, au lancement du Musée océanographique de la Principauté) et sa mère, née Jeanne Lumière, était la sœur des frères Lumière, inventeurs du cinématographe). Hélas,  Jules décède en 1914 et Marcel, très jeune, se désintéresse de l’entreprise. Elle survit malgré tout jusqu’en 1929 où Raymond Guiguet, ingénieur et pilote très compétent, est à la tête de la marque. Il ne produit alors que des machines prodigieuses de 500 et de 1000cc! Hélas, ses réelles compétences mécaniques n’en font pas un brillant gestionnaire. Et quand on est plus dans l’atelier que dans le livre de compte… on arrive au bord de la faillite! Il cède alors son entreprise à Monet & Goyon. Et donc à partir de 1929, il y a fusion des deux marques. Cela veut dire que les machine sortent à l’identique, sous les deux appellations. Sur celle-ci, il y a bien l’écusson Koehler-Escofier, mais d’autres motos absolument identiques portaient celui de Monet & Goyon. Idem pour la Dolina,  dont la publicité ci-dessous précise bien, en haut à droite, cette double appellation:

Publicité d’époque pour « la Dolina »

   « Mais ce même Raymond Guiguet prend la tête du bureau d’études de Monet & Goyon! Nomination très profitable à l’entreprise, surtout après l’échec patent des ingénieurs sur le bloc moteur de la « MG 35 », qu’ils ont produite sans être au point. Il faut dire que depuis la mort de Joseph Monet en 1935 et du jeune Goyon en 1925, l’entreprise bat de l’aile. La première machine sortie sous l’ère Guiguet, c’est cette utilitaire de la série « L »:

Utilitaire type L, 250cc, 1934.

   « Petite précision, quand il y a un « L » sur un type de machine, c’est la marque de Raymond Guiguet. Et en 1935, maintenant qu’il a les moyens de ses ambitions, il va mettre tout ce que la technologie de l’époque pouvait lui permettre  sur cette sublime moto:

Super Sport Type KLS3S, 1935.

   « Pour la première fois, la sélection des vitesses se fait au pied! Puis en 1936,  Monet & Goyon sort « la Moto Populaire »,  pour l’année… du Front populaire justement!  Ce sont les premiers congés payés, les gens veulent partir en vacances, le pouvoir d’achat augmente.  Il faut faire une moto plus démocratique, en oubliant les débauches de chrome!

Publicitaire type PL4, 1936.

« Une moto toute simple, peu coûteuse, vitesse à la main…Machine type « P » pour « populaire », suivi du « L » distinctif de Raymond Guiguet… 

   Certains disent que ce « L » veut dire « Luxe » mais moi, qui suis plus romantique et fleur bleue, je suis certaine que c’est en hommage à son épouse, qui s’appelait Louise! »

   J’ai l’honneur maintenant de vous présenter pour finir la plus grosse pièce de notre musée, cette somptueuse 500 cc!:

Super Sport Luxe type KLS5L, 1937.

   « Voilà de la belle machine! Du modèle de luxe que l’on aimait avant la guerre, avec son gros réservoir festonné, ses gros carters étanches, son porte bagage démontable… La suspension arrière apparaitra quelques mois plus tard! Puis la seconde guerre mondiale éclate, la production s’arrête. Plus de personnel, plus de matière première… 

   A la libération, Monet & Goyon va renaître de ses cendres en proposant à nouveau… un simple vélo muni d’un moteur auxiliaire! Il ne vous rappelle rien?  Ma petite « Moto Légère » adorée de 1922. Et un nouveau cycle reprend… Mais je suis allé trop vite, non? J’aimerai tout recommencer car j’ai encore tant de choses à vous dire! »  Merci Béatrice, merci! Mais réservez  ces autres anecdotes aux prochains visiteurs qui piaffent déjà d’impatience pour vous visiter. Car grâce à vous, Madame, et à vous Monsieur Gagnaire, les Motos Mythologiques ne meurent jamais!

THE END ?…

Épilogue: 

   La production Monet & Goyon s’arrêtera définitivement à l’aube des années 60 malgré quelques coups de design audacieux afin de ressembler, sans succès, au fameux Scooter Vespa qui défraie la chronique…

Moto125cc carénée Pullman, 1956.
Vélomoteur 125cc Sport type S600, 1958.

   Mais au cœur des années 50, la moto est peu à peu délaissée au profit de l’automobile qui devient abordable grâce à la Dauphine, la 2 chevaux, la 4 chevaux etc…Toutes les marques de moto française  disparaîtront  en quelques  années.

Photo et article, Stéphane Batlle.

Collection de Motocyclette Monet & Goyon

Espace Sainte-Catherine;

Place de la Poste, 79500 MELLE

07 83 39 87 96